Derrière chaque capitaine, il y a une histoire (câest quoi ton histoire)
Le mot « capitaine » me parle énormément, au sens propre comme au figuré. Au sens propre, parce que naviguer est ma passion depuis toujours. à 24 ans, jâai pu acquérir mon premier voilier (First 18) qui me permettait de sortir en mer au départ de Breskens. Jâétais à lâépoque la première femme du coin à naviguer seule, et surtout à sortir et prendre mon pied par force 6. Depuis, je nâai jamais arrêté.
Quelques années plus tard, en 1992, jâai eu lâoccasion de mâassocier avec mon père pour créer le Laboratoire Belge de Thermométrie. Il apportait son expertise technique pendant que je gérais la partie commerciale, administrative et comptable. Ce qui me plaisait dans ce projet, câétait justement de pouvoir « mener ma barque » comme je voulais. Jâappréciais la joie de pouvoir chaque matin décider de la manière dont jâallais remplir ma journée. Jâai appris la métrologie sur le tas, sans bases scientifiques. Cependant, de nombreuses formations en développement personnel mâont permis de me fier de plus en plus à mon intuition, qui me servait de réel guide, tant pour juger des mesures effectuées que pour déterminer les orientations de lâentreprise. Centrage, perception, sensation, déduction, action.
Puis mon père a pris sa retraite et mon mari lâa remplacé. Très vite, jâai compris que cette situation mettait à mal notre couple. Câest pour cela quâen 2009, jâai décidé de me retirer du laboratoire, ma fonction étant plus facilement remplaçable que celle de mon mari. Malheureusement, nous avons tout de même fini par nous séparer malgré nos efforts.
Quelle belle opportunité de pouvoir se poser la question : Fabienne quâas-tu envie de faire maintenant ?  De quoi veux-tu remplir tes journées ? Quâest-ce qui te nourrit ? Avoir cette sensation que tout est possible et pouvoir se diriger vers ce qui nous apporte un bonheur journalier procure un sentiment de bien-être. Câest donc tout naturellement que je me suis engagée vers la transmission et le partage dâune méthode qui a bouleversé ma vie (tant professionnelle que privée) depuis lâannée 2000 : le mind mapping.
Aussi loin que je me souvienne, jâai toujours été cataloguée de « différente » et lâutilisation de cette méthode confirmait cette étiquette. Depuis, je suis une vraie passionnée. La reconnaissance de mon expertise dépasse les frontières et OPTIMIND forme plus de 1200 personnes par an de tous horizons.
Je pense que ce qui mâépanouit le plus, câest de pouvoir proposer cette méthode aux personnes les plus réfractaires (en formation imposée par exemple), et de trouver la porte dâentrée qui va leur donner des lueurs dans les yeux lorsquâils se seront débarrassés de leurs croyances limitantes et quâils se laisseront porter par la puissance de cette méthode. Induire le changement, proposer un cadre rassurant permettant à chacun de pouvoir évoluer en sécurité et à son rythme, être là pour faire émerger les ressources et lâintelligence collective, telle est ma mission.
Mais cette volonté de vouloir introduire le changement nâest pas apparue avant que je ne change moi-même : je suis la première à remettre mes croyances sur le tapis et à sortir de ma zone de confort, en tentant parfois les expériences les plus folles (marcher sur le feu, rester seule 3 jours dans une grotte, etcâ¦). Jâai cette tentation permanente de tester par moi-même les choses que je lisâ¦et comme je lis beaucoup, vous vous imaginez !
Mon histoire, comme celle de beaucoup, est une suite de rencontres formidables de personnes et de techniques, ouvrant sur un champ de possibles et dâopportunités. Jâai cette conviction profonde que tout est possible et cette croyance me porte dans les moments les plus durs.
Quelles sont les plus grandes difficultés à surmonter quand tu tâes lancée ?
Je pense que les difficultés se situent à 2 niveaux : dâune part à un niveau très pratique, celle de gérer les liquidités. Bien souvent, il y a des fluctuations dâentrée dâargent quâil faut adapter au mieux avec les factures à payer, situation imposant parfois de faire le grand écart. Pas facile au début, le temps dâavoir un roulement suffisant pour absorber ces variations de trésorerie.
Lâautre difficulté à laquelle jâai été confrontée au début est de rester concentré sur ses objectifs et déterminer les priorités. Lorsqu’on lance son entreprise, il y a tellement de choses à faire que jâétais facilement distraite. Ne pas savoir par où commencer et perdre de lâénergie en me dispersant. Je pense que la connaissance du mind mapping à lâépoque aurait permis de me focaliser sur lâessentiel et éviter de louvoyer.
Ta plus grande réussite?
Ma plus grande réussite est dâavoir trouvé un travail qui me passionne, qui me ressource et qui réunit toutes mes compétences. Mais quand jây pense, il y a eu aussi un concours de circonstances qui mâont permis dâêtre où je suis maintenant. Donc je dirais que ma plus grande réussite est dâavoir pu faire confiance en la vie pour lâcher une situation stable afin de pouvoir construire quelque chose de totalement nouveau, qui me correspondait plus.
Quâas-tu gardé de la petite fille que tu étais pour ta vie dâadulte?
Je pense avoir gardé plusieurs choses. Tout dâabord, la saine curiosité de lâenfant qui essaye de comprendre le monde. Un ami mâappelle avec raison « Madame Pourquoi », tout simplement, car jâaime comprendre le fonctionnement des choses qui mâentourent. Jâaime aussi me représenter ce quâil y a derrière les personnes. Connaître les raisons, les motivations, les croyances. Partir dâun tableau noir et le compléter au fur et à mesure avec ce que la personne me dit ; découvrir un tableau cohérent même si ce nâétait pas le cas au premier abord.
Jâai conservé de cette petite fille cette envie de grandir, dâévoluer, de mâaméliorer. Je prends la vie comme un chemin dâexpériences qui me permettent dâapprendre tous les jours, couplée à cette facilité à sortir des sentiers battus et de ma zone de confort.
Jâai également conservé la capacité de me donner à fond, de pouvoir consacrer des heures à quelque chose qui me passionne sans me rendre compte du temps qui passe.
Une recette miracle qui contribue à ton bien-être. Est-ce que tu as des rituels ?
Ma recette miracle est dâêtre toujours attentive à mon ressenti, et cela passe par la gestion de mon attention : jâai toujours un Åil (ou une oreille) à lâextérieur, et un à lâintérieur. Cela me permet de ressentir si ma place est juste, si je suis en accord avec ce quâil se passe, ce qui est dit⦠ou sâil faut changer quelque chose.
Tous les matins, lorsque je me douche, jâimagine lâeau sâécouler à lâintérieur de mon corps, entraînant avec lui toutes les choses que je ne veux pas garder pour la journée. Â
Quelles sont tes 3 qualités de Capitaine
Disposer dâune vision au large pour maintenir le cap.
De la résilience pour sâadapter au courant contraire et coups de vents.
Et de lâautodérision pour sâamuser en toute circonstance.
As-tu une idole et quelle question lui poserais-tu ?
Jâapprécie beaucoup Khalil Gibran, je lui demanderais juste de pouvoir mâassoir à ses côtés, pour tenter de penser comme lui.
Que conseillerais-tu aux entrepreneurs qui nous suivent ?
Osez ! Tout est possible